176 500 ans ! La deuxième étude de la grotte de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) fait de ce lieu exceptionnel la plus ancienne grotte au monde – et de très loin ! – à avoir été occupée par notre lointain cousin : l’Homme de Néandertal.
“Dans nos rêves les plus fous, on se disait 25 000, 40 000 ans !” se rappelle Jacques Joubert, de l’Université de Bordeaux, l’un des trois paléontologues ayant conduit, dès 2013, la deuxième exploration de la grotte de Bruniquel. Lors de sa découverte en 1990, elle avait déjà suscité l’admiration : après deux passages étroits, dans une cavité à plus de 300 mètres de l’entrée, les spéléologues découvraient des stalagmites sectionnées et disposées en cercle. La marque évidente d’une intervention humaine. La première datation au carbone 14 de la structure, menée alors par l’archéologue et historien François Rouzaud, du service régional de l’archéologie de Midi-Pyrénées, atteignait les limites de la méthode : 47 000 ans, soit plus de 20 000 ans avant les grottes de Lascaux et de Chauvet !
Vingt ans plus tard, d’autres scientifiques s’intéressent à Bruniquel. Jacques Joubert et ses collègues se lancent dans une deuxième série d’études de ce vestige étonnant. L’utilisation d’une nouvelle méthode par uranium-thorium permet de dater la calcite qui s’est déposée sur la structure après sa création : 176 500 ans ! Bruniquel devenait ainsi la plus ancienne grotte au monde à avoir été occupée par l’Homme. Et par un Homme dont on ne connaissait alors aucune trace souterraine : Néandertal.
“On était excités car cela n’avait pas d’équivalent, se souvient Jacques Joubert. C’est un miracle de conservation. Il y a peu d’aménagements de Néandertal qui nous sont parvenus.”
Cette création souterraine de ce peuple disparu il y a environ 40 000 ans n’a pas encore révélé tous ses secrets : lieu de culte, édification symbolique ou matérielle ? D’autres fouilles et des prélèvements d’ADN pourraient livrer prochainement leurs réponses.
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